Et si on jouait au Monopoly comme à un jeu coopératif ? Quelques pistes d’expérimentations.

Pour ne pas en rester aux constats, par où faut-il commencer, comment agir, que transformer ? Ce sera l’enjeu de la seconde phase de Rebonds, qui démarrera en septembre 2024 avec une série d’expérimentations menées par les collectivités participantes. Nous nous sommes appuyé.e.s sur les enseignements de l’enquête pour identifier des problèmes, des impensés, des leviers possibles, et formuler de nouvelles hypothèses (ET SI… on faisait autrement ?) et des idées concrètes pour tester leur pertinence et leur solidité (ça pourrait ressembler à …).

Ces idées ont été formulées à hauteur des agent.e.s engagé.e.s dans le programme, enrichies d’inspirations que nous avons rassemblées au fil de l’eau, challengées par les chercheur.se.s qui nous accompagnent. Celles qui sont présentées ici sont une étape de travail, puisqu’elles seront retravaillées par les collectivités qui se les approprieront, pour être un premier pas vers une bifurcation de leurs approches. Nous vous engageons à les parcourir comme des sources d’inspiration, peut-être aurez-vous envie, vous aussi, d’en adopter certaines ?

DES IDÉES POUR…  S’APPUYER SUR L’ÉVALUATION POUR RE-THÉORISER LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE LOCAL

… Et si on théorisait mieux les politiques de développement éconmique ? 

On pourrait tester : LA FORMATION ACTION D’UN COLLECTIF évaluateur.rice.s/développeur.euse.s économiques/responsables transition écologique/de l’action sociale d’un territoire à une nouvelle méthode de pilotage, pour co-produire la théorie de développement économique de la collectivité

… Et si on faisait rentrer les modèles alternatifs du développement économique au coeur du réacteur ? 

on pourrait tester : UN OUTIL PARTAGÉ pour clarifier la vision et les choix, être plus intentionnel.le dans l’adéquation des dispositifs aux effets recherchés,  apprendre à faire évoluer sa stratégie au fil du temps (V0, V1, V2, etc). Un premier pas : un atelier entre les développeur.euse.s économiques et les évaluateur.rice.s de territoires voisins ou faisant face à une problématique commune afin de partager leurs pratiques d’évaluation, se familiariser avec des outils pour être plus réflexif et intentionnel ( Les marqueurs à Nantes, la fleur de théorie de changement de Lindsay Cole, etc.) et construire le cahier des charges du leur.

… Et si on démocratisait l’évaluation des politiques de développement économique ? 

on pourrait tester : Pour débuter, un FESTIVAL DE L’ECONOMIE pour “déplier” le développement économique local de manière démocratique, ouvert au-delà de ses acteurs traditionnels et sur un mode informel. Un premier pas : un atelier pour écrire la « petite histoire du développement économique local », rassemblant quelques élu.e.s et agent.e.s locaux, acteurs économiques et représentant.e.s de la société civile, afin d’éclairer les faits marquants, les crises passées, les partis pris adoptés, les acteurs impliqués, et en tirer collectivement de nouveaux indicateurs pour l’avenir.

A un stade plus avancé, une CONVENTION CITOYENNE ÉCONOMIQUE qui consisterait à confier à une assemblée de citoyen.ne.s le soin de proposer, après une phase de travail et d’auditions, une série d’indicateurs et de mesures structurantes pour réorienter les politiques de développement économique locales vers un objectif de réduction des inégalités et de re-direction écologique. Un premier pas : une simulation de cette convention avec un petit groupe de personnes volontaires, pour vérifier la faisabilité et les modalités de mise en oeuvre.

DES IDÉES POUR …DÉVELOPPER LA « LITTERACY ÉCONOMIQUE » DES ÉLU.E.S

… Et si on formait les élu.e.s aux nouvelles approches du développement économique ?

On pourrait tester UN DISPOSITIF DE FORMATION AUX NOUVELLES APPROCHES DU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE, qui croiserait des élu.e.s et agent.e.s aux délégations diverses (économie, commande publique, aménagement urbain, transition, politique de la ville …) pour aborder l’économie sous le prisme de plusieurs politiques publiques et questionner la « qualité économique » du territoire. Un premier pas : un atelier avec quelques élu.e.s complices pour enquêter sur des « modèles » de développement économique orientés sur les besoins à long terme d’un territoire, afin d’en comprendre les partis pris, les incarnations, la manière dont ils viennent éclairer les enjeux économiques locaux, ce qu’ils impliqueraient pour chacune de leurs délégation. Le produit de sortie pourrait être une projection, sur la stratégie d’accueil des entreprises par exemple, de chacun de ces modèles afin d’en donner une incarnation concrète et de débattre des choix à opérer.

… Et si on aidait les élu.e.s convaincu.e.s d’un changement de paradigme à avoir plus d’impact ?

on pourrait tester L’OUTILLAGE D’ÉLU.E.S CONVAINCU.E.S pour embarquer d’autres élu.e.s et décideur.euse.s locaux dans une lecture partagée des enjeux, priorisations et renoncement à orchestrer. Un premier pas : cartographier, avec quelques élu.e.s convaincu.e.s de collectivités différentes, les pair.e.s à convaincre en priorité, et réfléchir  aux arguments, formats et canaux d’influence les plus utiles.

DES IDÉES POUR… RÉ-OUTILLER LES POLITIQUES DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE POUR MIEUX ACCÉLÉRER LA TRANSITION DES TPE/PME

Et si on s’appuyait sur des acteurs intermédiaires ou des réseaux pour mobiliser et engager les entreprises dans les transitions ? 

on pourrait tester : UNE CONVENTION DES ENTREPRISES POUR LE CLIMAT « AUGMENTÉE » dans laquelle la collectivité jouerait un rôle, par exemple en mobilisant les TPE / PME du territoire afin qu’elles participent à ces parcours, ou en accompagnant, y compris financièrement, la mise en oeuvre de la feuille de route qui en découle.

Et si on palliait le manque d’ingénierie de certains acteurs (petites entreprises ou collectivités) pour engager des transitions ? 

on pourrait tester : UNE FONCTION RSE/transition MUTUALISÉE entre TPE-PME, en mobilisant par exemple les compétences présentes au sein de grandes entreprises du territoire pour proposer un mécénat collectif chez les plus petites.

Un premier pas : Organiser un échange entre les responsables RSE d’une grande entreprise du territoire et quelques-uns de ses fournisseurs locaux afin de cerner leurs besoins en termes de transitions, et faire le cahier des charges d’une fonction mutualisée (besoins, formats, etc.).

Et si on outillait une gouvernance plus collective et ouverte de l’éconmie territoriale ? 

on pourrait tester :UNE “SHADOW” CCI impliquant des réseaux et acteurs économiques engagés sur les sujets de transition, pensée sur le mode des “shadow” codir ou comexcomités de direction « parallèles » chargés d’apporter un regard neuf sur les décisions prises en comité de direction « officiel ».

UNE IDÉE POUR… CONSTRUIRE UNE APPROCHE EN COMMUN DU FONCIER ET DE SES USAGES

Et si on gérait une zone d’activité économique comme un commun ?  

on pourrait tester LA CONSTRUCTION DE LA CHARTE DE GESTION COLLECTIVE D’UNE ZAE avec les entreprises implantées, la collectivité (services de gestion des eaux, PCAET, mobilité, déchets…). L’objectif serait de s’accorder et de s’engager sur des modes d’aménagement et de gestion vertueux, de donner envie de mutualiser des espaces et services et de créer une culture commune de sobriété et de coopération. L’élaboration permettrait de tester la motivation à travailler ensemble et les sujets de coopération les plus porteurs.

UNE IDÉE POUR… RECONNECTER LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE AUX ENJEUX DE JUSTICE SOCIALE 

Et si on faisait de l’économie ordinaire la priorité des politiques de développement économique ? 

on pourrait tester UNE ÉCONOMIE CIRCULAIRE DE L’ÉCONOMIE MÉTROPOLITAINE ORDINAIRE ENTRE LES ENTREPRISES D’UNE ZAE. Il s’agirait de travailler avec les entreprises pour leur permettre de coopérer dans le processus de recrutement : partager les CV reçus,  élaborer des fiches de poste communes, mutualiser des postes, et améliorer la qualité de l’emploi (déplacements, restauration, garde d’enfants, etc.).  Ceci permettrait  d’optimiser les processus de recrutement pour faire gagner du temps aux entreprises et aux salarié.e.s, d’améliorer les conditions de travail et de valoriser ces métiers.

DES IDÉES POUR… OBJECTIVER LES INTERDÉPENDANCES ET COOPÉRER ENTRE TERRITOIRES 

Et si on développait des méthodes d’analyse et de représentation des inter-dépendances territoriales ? 

on pourrait tester : UN DONUT INTER-TERRITORIAL, construit avec les agences locales d’urbanisme, de développement économiques, Énergie-climat, et les services  de deux collectivités voisines. Il s’agirait de construire une lecture partagée du territoire au prisme des limites planétaires, et de tester concrètement la disponibilité des données, le niveau de culture commune, la motivation à coopérer. Pour aller plus loin, on pourrait travailler sur la traduction des données de flux matériels et immatériels entre deux territoires, permettant de qualifier leurs interdépendances et vulnérabilités, en un OUTIL DE NÉGOCIATION ET D’AIDE À LA DÉCISION afin d’aider les acteurs publics et privés locaux à accroître la résilience économique du territoire.

Et si on créait des cadres de coopération plus souples et agiles ? 

On pourrait tester UN PACTE INTER-TERRITORIAL POUR FACILITER L’INTERCONNAISSANCE ET LA NÉGOCIATION.

Deux premiers pas dans ce sens : un arpentage élu.e.s / agent.e.s pour mettre en commun les enjeux de territoires proches ou similaires, vérifier l’hypothèse de la complémentarité entre eux, et identifier la bonne échelle de travail ; un atelier de controverses à destination des élu.e.s sur les (diverses) approches du développement économiques au prisme des transitions, afin tester les compatibilités / incompatibilités de visions et les sujets à prioriser dans le pacte.

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