À Montpellier, nous avons voulu nous replonger dans le parcours d’implantation des entreprises, avec une question en tête : Comment aller au-delà d’une simple évaluation par critères environnementaux ? Comment mieux comprendre ce qui se joue dans les premiers échanges, pour orienter autrement la relation entre la collectivité et les entreprises ?
La première étape a pris la forme d’un atelier interne, réunissant plusieurs partenaires impliqués dans le processus (CCI, Ancorys pour le sourcing, etc.). Ensemble, nous avons reconstruit le parcours d’implantation du point de vue de la métropole. Ce travail a permis de faire émerger plusieurs constats.
D’abord, la qualification du projet via la grille d’évaluation arrive assez tard dans le processus, souvent à un moment où les échanges avec l’entreprise sont déjà bien engagés. Ensuite, les critères utilisés peinent à prendre en compte les spécificités des activités ou les marges de progression propres à chaque projet. Enfin, nous avons identifié que le premier entretien constitue un moment-clé : il permet de mieux cerner l’activité de l’entreprise et la maturité de son projet, mais son contenu reste difficile à partager ou à objectiver, en l’absence d’un support commun pour les agents.
C’est à partir de là qu’est née l’idée de prototyper un guide d’entretien. D’abord pensé comme un outil « à géométrie variable », adapté selon la typologie d’entreprise, il a été progressivement simplifié pour reposer sur des typologies d’impact, évaluées de façon qualitative (non applicable, faible, moyen, fort). Deux sections complémentaires ont été ajoutées : l’une pour renseigner d’éventuelles mesures de compensation, l’autre pour faire apparaître certains indicestransmis par l’entreprise (engagements, signaux faibles, éléments en cours).
Mais au-delà de l’outil, c’est bien la posture de la collectivité qui était en jeu. L’objectif : travailler une relation de confiance dans laquelle la métropole, via son service implantation, ne se positionne pas uniquement comme un facilitateur, mais comme un partenaire capable de faire avancer ses propres objectifs de transition et de développement territorial.
Ce travail a aussi été l’occasion d’aligner les compétences en interne, de formaliser un outil de suivi commun… et de le tester. C’était tout l’enjeu de l’atelier du 27 juin, mené avec trois entreprises complices qui ont déjà traversé ou sont encore engagées dans un parcours d’implantation. L’objectif : ne pas en rajouter, mais plutôt recueillir leurs points de vue, vérifier la lisibilité de l’outil, et enrichir le prototype à partir de leurs retours.
Enfin, cette expérimentation a mis en lumière un rôle souvent invisible : celui du service implantation comme interface. Par sa capacité à comprendre les besoins et le fonctionnement des entreprises, ce service joue un véritable rôle d’aiguillage en interne, entre directions, services techniques, logiques économiques et exigences environnementales. Un rôle qui dépasse celui de l’implantation stricto sensu, et qui invite à repenser plus largement les lieux d’interface entre collectivités et entreprises.