Comment impulser de nouvelles approches de développement économique ? Ce que notre enquête nous a appris…

Au prisme de nos 8 paradigmes de départ, nous avons pu explorer les conditions nécessaires aux collectivités françaises pour adopter de nouveaux modèles de développement économique centrés sur les besoins à long termes du territoire et des personnes qui l’habitent. Nous vous partageons ici quelques uns des enseignements, et les pistes qu’il nous semble intéressant de creuser pour la suite.

Que peuvent les nouveaux modèles de développement économique portant des finalités de transition écologique ou de justice sociale pour transformer le logiciel du développement économique local ?

Donut economy, économie régénérative, community wealth building… Si des collectivités sont de plus en plus nombreuses à embrasser de ‘nouveaux modèles de développement économique’, plutôt que de s’en tenir à un modèle, toutes les adaptent et les combinent pour répondre à la complexité de leurs territoire et de ses enjeux. Si ceux-ci peuvent former la colonne vertébrale d’un récit politique fort, permettre de transformer les pratiques des services qui les portent, ils ne parviennent pas à transformer réellement le logiciel de politiques de développement économique qui peinent à s’écarte de paradigmes classiques. Pour être réellement transformateurs, ils  doivent être portés de manière transversale, se traduire en choix (et renoncements), modes d’organisation, outils…

Nous en tirons deux questions à approfondir dans la phase de tests :
  • Comment développer la « litteracy économique » des élu.es pour porter mieux s’approprier ces nouvelles approches ?
  • Comment s’appuyer sur l’évaluation pour re-théoriser les politiques de développement économiques ?

Comment reconnecter le développement économique aux enjeux de justice sociale ?

Au sein des collectivités, la politique de développement économique est souvent déconnectée des questions d’insertion, de formation, de politique de la ville, etc. Ces compétences sont par ailleurs éclatées entre différents échelons de collectivités, rendant difficile une approche systémique : comment re-territorialiser la question sociale ? Des exemples comme la Maison de l’insertion et de l’emploi de Lyon, dans laquelle les compétences métropolitaines et départementales sont fusionnées, est dans ce sens un exemple inspirant.

Par ailleurs, la vision du développement économique est souvent centrée sur une économie définie par le haut, rare, internationale, qualifiée… faisant l’impasse par exemple sur l’économie présentielle, l’économie métropolitaine ordinaire – EMO ou le champ de l’économie informelle… qui représentent pourtant un nombre important d’emplois non délocalisables et des acteurs économiques qui ont du mal à s’adapter aux transformations écologiques. Elle est largement invisibilisée et de fait mal considérée dans les politiques publiques.

Deux questions à approfondir dans la phase de tests :
  • Comment construire de nouveaux rituels de coopération entre économie, social, formation, etc. ?
  • A quelles conditions peut-on faire de l’économie ordinaire une priorité du développement économique ?

 

Quelle approche plus sobre de l’usage du foncier et des sols ?

En France, où l’aménagement et l’activité économique ont été particulièrement consommateurs d’espace, une gestion plus sobre du foncier est au cœur des enjeux. Comment retrouver une capacité de pilotage pour une utilisation plus rationnelle d’un foncier limité ? De quelle manière réguler la concurrence entre les différents usages des sols et promouvoir une culture de son aménagement et de sa gestion plus collective et économe ? Comment piloter la sobriété foncière de manière plus qualitative et démocratique ?  Les Zones d’activités économiques (ZAE) peuvent ici représenter de laboratoires de nouveaux outils de maîtrise foncière (baux à construction, foncières, etc.), de la construction de synergies entre entreprises et avec l’acteur public au service de la sobriété.

Une question à approfondir dans la phase de test :
  • Que signifierait gérer une ZAE comme un commun ?

 

Comment ré-outiller les politiques de développement économique pour mieux accélérer la transition des TPE/ PME ? 

Si les grandes entreprises ont en interne la ressource pour penser la réduction de leur impact environnemental, leur résilience face aux crises, etc., les TPE /PME ont quant à elles besoin d’un appui spécifique à la transition. Elles souffrent d’un manque de temps, de compétences internes, et se situent souvent hors des radars de la collectivité. Comment toucher et accompagner, au plus près de leurs besoins, les entreprises qui en ont le plus besoin ?

Par ailleurs, le développement d’acteurs intermédiaires (consultant.e.s, expert.e.s des transitions) et réseaux d’entreprises tels que la Convention des entreprises pour le climat, le mouvement Impact France, etc., ainsi que l’émergence de la notion de responsabilité territoriale des entreprises, incarnent la diffusion d’une culture de l’engagement local des acteurs économiques…  Il incite les acteurs publics à dépasser une vision des entreprises ‘mauvaises élèves’ des transitions, pour imaginer de nouvelles manières de coopérer au service de la transition du territoire et de de son habitabilité, voire de tendre vers un nouveau paritarisme territorial.  Comment donner à ces nouveaux acteurs plus de poids dans les choix politiques du territoire face aux instances classiques de représentation des entreprises notamment (CCI, chambres de l’agriculture, de l’artisanat, etc.) ?

Quelques questions à approfondir dans la phase de tests :
  • Comment s’appuyer sur des acteurs intermédiaires (grandes entreprises, réseaux, prescripteurs….) pour mobiliser et engager les TPE / PME dans la transitions ? Comment pallier le manque d’ingénierie de certains acteurs ?
  • Quelles pistes pour une gouvernance plus collective et ouverte de l’économie territoriale ?

 

Objectiver les interdépendances et coopérer entre territoires

Dans un système qui exacerbe l’opposition et la compétition entre territoires, montre un fractionnement des interlocuteurs et des programmes (Action Coeur de ville, Petites villes de demain, …),  repose sur des dispositifs de coopération inter-territoriaux souvent jugés trop lourds et rigides (contrats de réciprocités …), comment  tisser des formes de réciprocité et de coopération plus souples au service de la résilience ? Quelques pistes et besoins que nous avons relevés : le manque de cadre de dialogue souple, de temps, d’outils encourageant les synergies sur les sujets de transition et de justice sociale ; le besoin d’acculturer les élu.e.s pour penser l’économie à l’échelle d’un bassin de vie, de la dépendance à une ressource partagée, à un équipement, etc. ; la nécessité d’objectiver les complémentarités productives/territoriales, les transformations à l’oeuvre, pour les accompagner et les faire vivre sur le long terme ; l’identification de sujets de coopération plus faciles (l’alimentation) ou plus ardus (le foncier logistique).

Quelques questions à approfondir dans la phase de tests :
  • Comment objectiver les inter-dépendances entre territoires, afin que les données et modes d’analyse contribuent de manière plus efficaces à la décision publique, aux stratégies des acteurs, etc.
  • Comment créer des cadres de coopérations plus souples, agiles, concrets entre territoires ?
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