Comment (dé)former les développeurs économiques ?

Projets d’implantation d’entreprises rejetés par la population, concurrences entre activités économiques liées à la raréfaction de ressources comme l’eau ou le foncier, TPE PME fortement vulnérables face à la crise énergétique, entreprises qui peinent à recruter, … Les développeurs économiques doivent  aujourd’hui faire face à des problèmes qui dépassent largement le périmètre stricte de l’économie, et couvrent également des dimensions écologiques, sociales, urbanistiques, sanitaires, etc. A quoi, et comment doivent-ils se former pour sortir des silos, et accompagner la transition des entreprises de leurs territoire et l’évolution des visions du développement économique, au delà des seuls paradigmes d’attractivité et de compétitivité ? 

En janvier 2025, le Cnam, Intercommunalités de France et l’ANCT ont lancé la première promotion d’une nouvelle formation de Développeur économique territorial. En 6 sessions, il s’agit d’outiller ces agents aux profils très divers pour faire face aux enjeux d’aujourd’hui. En prenant comme point de départ les enseignements de Rebonds, nous avons joué le rôle d’observateurs participants pour dessiner des pistes pour renforcer son adéquation aux défis et besoins des participant.e.s et de leur collectivité.

 

Concrètement, nous avons animé 4 à 5 temps avec les participant.e.s pour collecter ensemble la variété de leurs défis et problématiques de départ ; comprendre la manière dont ils et elles mobilisaient, ou pas, les contenus de formation ; partager les enseignements de Rebonds et collecter leurs réactions. Cette étape a permis de souligner que si, parmi les défis de départ, le besoin de clarifier la vision du développement économique ressort régulièrement, dépasser une approche technique, croiser les paradigmes économiques, sociaux et environnementaux, monter en réflexivité sur les modèles de développement, demeure difficile dans le quotidien des agents comme dans les contenus de formation ; si l’animation, l’intermédiation, la diplomatie, font partie de la palette des nouveaux rôles à adopter (entre entreprises du territoire, entre collectivités, au sein des administrations… ), manquent les espaces pour expérimenter finement une forme de maturité coopérative ; si tou.te.s les participant.e.s ont conscience de la nécessité de faire évoluer leurs pratiques comme les politiques qu’ils et elles portent, adopter une démarche d’essai erreur, d’expérimentation, doit là aussi s’appuyer sur de nouvelles compétences.

 

A quoi pourrait ressembler la maquette de la prochaine promotion ? Nous avons produit avec les participants une grille de montée en maturité des développeurs économique, autour de 4 axes de travail :

  •  Vision(s) : pouvoir mieux se projeter dans la future politique économique de son territoire (à 5, 10, 15, 20 ans et plus)
  • Systémique : être mieux en mesure de relier les dimensions économiques, écologiques et sociales pour inventer de nouveaux leviers de changement-
  • Coopération : être capable de se projeter dans des instances de développement économique plus ouvertes, renouvelées et inclusives
  • Expérimentation : être en mesure de tester plus systématiquement les politiques de développement économique avec leurs usagers

 

Cette grille pourrait être testée par exemple  :

  • pour communiquer sur la formation et clarifier la trajectoire de transformation proposée aux participants, faire partie d’un mode d’emploi pour bien profiter de la formation
  • pour aider l’équipe pédagogique à faire un fil rouge entre les interventions, reposer les objectifs pédagogiques et le contenu du programme, mieux adresser les enjeux écologiques et sociaux dans la formation ;
  • aider les participants à mieux cerner leurs axes de progression et à mettre au travail les enjeux de la formation avec leurs collègues (par exemple comme un carnet de bord  pour permettre aux participants de suivre leurs apprentissages et leurs questions).

Rebonds pose enfin l’hypothèse d’aborder les politiques de développement économique dans une approche expérimentale ;il nous semblerait donc utile d’injecter cette même approche expérimentale dans les cursus de formation : par exemple sortir de la succession d’interventions plénières (de qualité, mais avec une possibilité d’adaptation limitée et peu d’espace pour la réflexivité) pour laisser plus de temps au travail entre pairs, à la mise en pratique : temps d’enquête, de codev, etc.

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