Les problèmes sournois du développement économique…

Ça y est, Rebonds, c’est parti ! Notre enquête a débuté avec l’identification la plus exhaustive possible des problèmes vécus sur le terrain par les territoires associés à Rebonds (Grenoble, Nantes, Bordeaux, le Puisay Forterre…mais aussi nos partenaires France Urbaine, Intercommunalités de France, l’Ademe, etc), à la croisée entre développement économique, transition écologique et justice sociale.

Nous avons choisi de prendre comme modèle ce qu’on appelle aujourd’hui les « problèmes sournois » (en anglais « wicked problems »). De quoi s’agit-il ? Dans la société, il y a des problèmes simples -les éléments nécessaires à leur résolution sont connus ou accessibles-, des problèmes compliqués -par exemple aller sur la lune- et il y a des problèmes qui sont « sournois », comme la transition écologique ou la réforme des retraites. Un problème complexe n’est pas simple à résoudre, mais ceux qui doivent le faire sont à peu près d’accord sur les solutions et agissent dans le même sens.

Le problème sournois, quant à lui, est caractérisé par l’absence de consensus sur la définition même du problème. Faute d’un accord sur la définition, il est illusoire d’espérer une solution pour le résoudre. Comme l’expliquent Claude A. Garcia et Silvio O. Funtowicz dans cette tribune pour le journal Le Monde, « alors que les autres problèmes appellent des solutions, les problèmes sournois, eux, requièrent des processus de délibération. ». En réalité, les problèmes sournois impliquent la mobilisation d’approches systémiques, pluridisciplinaires et expérimentales inédites, bien décrites dans la sociologique Isabelle Arpin dans ce numéro gratuit de la collection « le virus de la recherche ».

Quels sont donc les problèmes simples, complexes ou sournois vécus dans nos territoires dès lors qu’il est question d’articuler développement économique, transition écologique et justice sociale ? Lors de la première session de Rebonds, nous en avons listé plus d’une cinquantaine, consultables ci-dessous et sur ce miro. Faites-vous votre propre idée, distinguez ceux qui vous paraissent simples, complexes ou sournois, priorisez ceux qui vous semblent les plus prégnants sur votre territoire, ou encore proposez-en de nouveaux !

 

 

  • Financement de la transition écologique et sociale
    • Fiscalité et transition dans un contexte de baisse des dotations de l’Etat
    • Evasion fiscale et transition (coûts de l’évasion fiscale 80 Mds/an)
  • Les déchets, de nouvelles ressources ?
  • La difficulté pour les collectivités à mobiliser les TPE/PME
  • La corruption
  • L’urbanisme négocié
  • La fin du modèle métropolitain
  • La plateformisation des services urbains, Amazon vs le commerce de proximité
    • La régulation des plateformes numériques : AirBNB, Dark Kitchens, etc.
  • Le manque de représentativité des acteurs du développement économique, le patriarcat dans l’économie
  • La prise en compte de l’économie informelle
    • L’économie souterraine représente 12% du PIB, soit 2,5 millions de personnes en France, surtout dans l’hôtellerie et la restauration, le commerce de détails alimentaire, le bâtiment, le gardiennage ou encore le transport
    • Revenu territorial contributif, revenu de transition écologique (Zoein)
  • La difficulté à évoluer l’impact des politiques de développement économique, d’accéder à des données fiables
  • Les travailleurs mobiles (et essentiels)
  • Le retour du travail de la main, de l’artisanat
  • Plus d’action économique, moins de développement ?
  • L’enjeu du recylage des friches (ZAN)
  • Peu d’élus et de citoyens qui se forment aux enjeux des politiques publiques
  • La crise des ressources
    • Tensions autour de la raréfaction de l’eau (ex : mégabassines en Charente dans l’agriculture, STMicro dans l’industrie à Grenoble, création de nouveaux EPR…)
    • Normes qui ne suivent pas les expérimentations pour les rendre effectives
    • Des initiatives pour changer notre rapport à la ressource en eau (Parlement de Loire, l’Appel du Rhone, Les gardiennes de l’eau à la MEL, personnalité juridique aux fleuves, Biorégionalisme)
  • Les limites de l’éco-conditionnalité des aides (peu d’effets à la fin)
  • Le changement du rapport au travail (valeur, sens)
  • L’administration en silos, le new public management
  • La sur-fréquentation, le démarketing
    • Le slowtourisme, le marketing au service de l’attractivité résidentielle
    • La baisse d’activité des congrès internationaux (Expérimentations collectives avec les adhérents de Bureau des Congrès de Nantes St-Nazaire)
    • La re-direction des territoires de montagne
    • Attirer trop de populations étudiantes n’est plus perçu comme un atout
  • Des projets d’implantations contestés 
    • Ex : STMicro à Grenoble, subventions massives aux entreprises de recyclage
    • Ex : agrandissements d’aéroports contestés
    • Pollution aux hydrocarbures depuis 10 par Béton Lyonnais, Les controverses autour de la Vallée de la Chimie dans le lyonnais, Opposition au méthaniseur XXL au sud de Nantes
    • Implantation d’un entrepôt de 10000m2 sur des terres cultivables dans la métropole de Lille (Médiacités)
    • Utilisation du gypse pour améliorer l’isolation des logements (projet de carrière abandonné en Maurienne)
  • Trop d’appels à projets
  • L’inadéquation des modèles économiques urbains avec la sobriété
  • La marchandisation des biens immatériels

 

 

  • Erosion de la biodiversité
  • Les cultures professionnelles du développement économique à l’aune de la transition
    • La transformation du métier de développeur (ex : La MEL a lancé son contrat de transformation en avril 2023)
  • L’application des nouvelles réglementations (ZAN, ZFE, etc)
  • Les controverses autour de l’industrie du recyclage
    • Les impasses de l’économie du recyclage (20% des plastiques réellement recyclés à horizon 2050 (Agence internationale de l’énergie, cité par Flore Berlingen)
    • L’échec du principe pollueur-payeur et de la compensation écologique : l’exemple de la filière REP « emballages ménagers », où le tonnage annuel d’emballages a augmenté de 20% en 30 ans (source « Permis de nuire », de Flore Berlingen)
  • Conséquences du dérèglement climatique dans les sites Seveso 
    • Cimenterie Eqiom à Lumbres, Pas de Calais (1300 sites Seveso en France)
  • L’ampleur du chantier de la rénovation énergétique
    • Ex : 39 000 rénovations partielles pour 500 000 passoires thermiques dans les Hauts de France (source Médiacités)
    • Ex : 250 000 emplois supplémentaires à créer avant 2030 (étude France Stratégie)
    • Ex : échec de la SEM « Croissance verte » en Pays de la Loire
  • L’augmentation des canicules et grandes chaleurs
    • Ex : Pénibilité : Les professions relevant de l’économie verte (ex : recyclage des déchets) sont aujourd’hui associées à de plus fortes expositions aux facteurs de pénibilité que les autres (étude Dares 2023)
  • La décarbonations des activités économiques
  • Le manque de disponibilité des données pour mesurer la transition
  • Les limites des budgets verts
  • La bifurcation écologique des élèves des grands écoles
  • La transition face au green-washing, au complotisme, au climatoscepticisme, à l’anti-wokisme…

 

  • Les effets collatéraux de l’urbanisation : artificialisation des sols, cités dortoirs, gentrification, étalement urbain, zones commerciales péri-urbaines
    • Ex : 2500 hectares d’espaces naturels et agricoles transformés en zone urbaine à Nantes en 25 ans (source Médiacités)
  • Vulnérabilité face aux dérèglement climatique
    • Ex : 50% de la population et des emplois menacés par les innondations à Lille (Médiacités)
  • Des populations plus exposées que d’autres au dérèglement climatique, les personnes en précarité davantage importées par les ZFE
    • 10 % de ménages en situation de pauvreté à Nantes, et entre 50 à 60 % dans les quartiers prioritaires (source Ville de Nantes)
    • Ex : En Seine-Saint-Denis, trois voitures sur quatre ne pourront plus circuler d’ici 2024 (source Reporterre)
  • La multiplication des crises sanitaires
  • La dégradation des services publics essentiels
    • Ex : En 40 ans, dégradation de la qualité des services publics essentiels : urgences, hôpital, écoles, maternité…(rapport Nos Services Publics 2023)
    • Ex : Pénurie de candidats dans les services publics essentiels : infirmiers, cadres infirmiers et puéricultrices, agents de services hospitaliers, secrétaire de mairie, de travailleur social, d’agent technique, de cuisinier ou encore de comptable, 3100 postes de professeurs vacants en 2023 (rapport Nos Services Publics 2023)
  • Les effets négatifs du plein emploi (ex logement)
  • Discrimination à l’emploi, le logement, les loisirs
    • Le sentiment de discrimination a augmenté de 14 à 18%, porté par les femmes et le motif sexiste (données Insee)
    • 91% des personnes noires en France métropolitaine disent être victimes de discrimination raciale dans leur vie de tous les jours (sondage Ipsos 2023)
  • Un dialogue social en panne
  • La précarité des jeunes, des étudiantes, de nombreux actifs
  • La pénurie de main d’oeuvre
  • Le manque de coopération

 

 

 

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